2008
Tout d’abord une histoire vraie que l’on m’a confiée, qui n’a fait ni la une de la presse ni ébranlé l’ordre mondial, mais qui a ajouté une pierre au mur de la discrimination.
Souad, une jeune femme d’Afrique du Nord, cherche à s’intégrer dans une petite ville européenne. Elle trouve même un travail. Malgré son enthousiasme et sa bonne volonté, son hijab (voile), parfois toléré, est souvent encore un signe d’exclusion.
« BOLEROS » tente de suivre les pas de Souad qui cherche sa place entre son héritage culturel et ses envies les plus profondes.
Le sujet de « BOLEROS » m'est apparu en écoutant de vieux disques de musique algérienne, égyptienne (Lili Boniche, Fahrid El Atrache, Oum Kalsoum) alors que je menais une série d’enquêtes sur l’intégration de la communauté étrangère de Lausanne, Fribourg et Genève.
Interrogeant un groupe de femmes d’origines diverses (suisse, africaine, proche orientale, sud américaine, irlandaise, portugaise), j’ai senti peser sur elles le poids énorme du regard de l’AUTRE, de l’héritage social et culturel qui les dépassait
Leur envie d’être simplement femme, leur besoin de liberté, d’épanouissement se heurtaient aujourd’hui à toute une série de préjugés dont le combat devenait de plus en plus pénible et difficile.
L’individualisme, le consumérisme, le sentiment de « grande liberté démocratique », qui fondent quelques-uns des piliers de notre société occidentale, se sont transformés en autant de tenailles qui broient les plus faibles, les plus hésitantes.
Sentant une urgence et un besoin crucial d’approfondir ces thèmes, j’ai réuni au sein de la Cie. Atelier C. une équipe de fidèles artisans afin de nous arrêter sur cette impression en la cristallisant autour d’un sujet d’actualité lié au monde du travail et au déracinement culturel.
BOLEROS Ce titre s'est imposé à moi quand j'ai entendu la version arabe de "Quisas, quisas quisas" : de Ghehilet Laâyani :
Dîtes à la femme au si beau regard (…)
Que je finirais par être le seul étranger,
C’est ce qui arrive à ceux
qui aiment les cœurs sensibles(…)









photographies (c) Martin Reeve